Coup de pompe (à chaleur)

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Par NICOLAS CAMUT

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AU MENU

— Le secteur des pompes à chaleur toussote, les ministres accourent

— L’exécutif français sur le front de l’atome à Bruxelles

— Prochaines éoliennes en mer : fin des débats en vue

Bonjour à toutes et à tous, nous sommes lundi 15 avril. J’espère que vous avez passé un aussi bon week-end que le ministre délégué à l’Energie Roland Lescure, qui s’est affiché tout sourire sur X aux côtés des militants Renaissance montréalais pour son retour dans son fief québécois.

Contrairement aux parlementaires, votre infolettre préférée ne prend pas de vacances. J’ai donc le plaisir de prendre le relais d’Aude, et serai à vos côtés toute la semaine.

L’ACTU DU JOUR

COUP DE FROID SUR LES PAC. Il fallait bien deux ministres pour annoncer des coups de boost pour les pompes à chaleur, tant le secteur a été refroidi récemment. La filière est en train de dévisser. Les ventes ont dégringolé de 40% au premier trimestre 2024 par rapport à l’année dernière.

Au chevet des industriels, Bruno Le Maire et Roland Lescure sont donc (très) attendus cet après-midi dans la Somme, sur le site industriel d’Intuis, l’un des gros producteurs français de pompes à chaleur (PAC).

Le million ! L’objectif fixé en septembre par Emmanuel Macron de “tripler la production de pompes à chaleur d’ici à 2027”, soit un million construites sur le sol français est jugé peu réaliste par la filière. Selon Uniclima, le syndicat des industriels du génie climatique, le secteur pourra fournir autour de 250 000 PAC cette année.

Les causes de la grippe : la crise immobilière, la baisse du prix du gaz, mais aussi la complexité et l’instabilité du dispositif MaPrimeRénov. Si le gouvernement a de nouveau rendu les “mono-gestes” éligibles aux aides MaPrimeRénov, ça ne suffit pas.

“Cette simplification n’a pas relancé le marché, parce qu’elle s’arrête à la fin de l’année. Il faut absolument la prolonger”, prêche Arnaud Kautzmann, secrétaire de l’Association française pour les pompes à chaleur, rejoint par Uniclima sur le constat. La filière espère aussi des mécanismes pour inciter à acheter des PAC tricolores et des plans de formation pour faire face aux besoins de main-d’œuvre.

 Pas besoin de plus d’argent, estiment-ils. “MaPrimeRénov est tellement compliquée qu’en 2023 tous les crédits n’ont pas été utilisés, souligne Camille Beurdeley, déléguée générale d’Uniclima. Le nerf de la guerre, c’est la simplicité”.

AGENDA

A 10 heures 15, réunion informelle des ministres européens de l’Energie à Bruxelles, où la France sera représentée par son représentant permanent auprès de l’UE, Philippe Léglise-Costa

A 14 heures 30, déplacement de Bruno Le Maire et Roland Lescure dans la Somme consacré aux pompes à chaleur

Sénat et Assemblée nationale : Vacances

NUCLÉAIRE

POUSSÉE ATOMIQUE. Petit à petit, l’atome fait son nid. Érigée en priorité du second quinquennat d’Emmanuel Macron, la relance française du nucléaire tente de s’imposer à Bruxelles, où le gouvernement pousse sur tous les fronts pour s’assurer d’un traitement favorable de l’énergie atomique dans les textes européens.

Côté pile, l’exécutif revendique des avancées dans plusieurs dossiers au cours des 18 derniers mois, de la révision de la directive sur les énergies renouvelables à la réforme du marché de l’électricité adoptée jeudi dernier par le Parlement européen.

Côté face, le gouvernement tente de fédérer autour de lui grâce à la création de l’Alliance du nucléaire, un club des pays membres favorables à l’atome qui se rencontre régulièrement en marge du Conseil de l’énergie dans la capitale européenne.

Match dans le match. Une fois n’est pas coutume, la poussée française se heurte aux réticences allemandes. Berlin, qui a débranché ses derniers réacteurs nucléaires l’année dernière et dont le gouvernement s’est opposé à la relance du nucléaire même au plus fort de la crise énergétique, tente aussi de faire valoir ses positions via un club rival, les “Amis des renouvelables”.

Pas d’argent, pas de réacteurs. Reste à trouver des billets pour financer tout ça. Surtout que les poches de l’Etat sont vides (voire percées), et que l’exécutif peine à avancer sur l’épineux sujet des financements européens, sur lequel la présidente de la Commission Ursula von der Leyen s’est pour l’heure bien gardée de s’aventurer. Alors, comment la France avance ses pions ? Aidé de nos plus beaux émojis coqs (cocorico!), je réponds ici.

UNION EUROPÉENNE

EN ATTENDANT L’ATOME. Pas de nucléaire au menu de la réunion informelle des ministres de l’Energie qui s’ouvre aujourd’hui à Bruxelles (sans le duo de ministres bleu-blanc-rouge qui — si vous avez bien tout suivi — a snobé les discussions pour un déplacement dans les Hauts-de-France).

Pas de Nord Stream 2.0. Aujourd’hui, les pays membres doivent évoquer une éventuelle coopération entre l’UE et l’OTAN pour protéger les infrastructures énergétiques sensibles du continent des cyberattaques et autres actes de sabotage autour d’un déjeuner de travail, rapporte mon collègue bruxellois Victor Jack.

 En fin d’après-midi, ils signeront une charte solaire européenne, un accord qui veut montrer que l’UE se soucie du sort de ses producteurs d’énergie photovoltaïque, mais qui est loin de répondre aux attentes du secteur, soumis à une rude concurrence chinoise.

RENOUVELABLES

BIENTÔT LA QUILLE. Jimmy Pahun compte les jours. Ce député Modem du Morbihan et ancien skipper sait qu’il lui en reste onze petits pour envoyer sa contribution au débat public sur la planification des façades maritimes. Avec cette question, parmi d’autres : où mettre des éoliennes ?

“Dans un souci d’acceptabilité”, Pahun — qui s’est déjà beaucoup mobilisé lors des débats pour la loi d’accélération des énergies renouvelables — souhaite qu’elles soient installées “au-delà des 12 milles quand c’est possible techniquement”. Avec un détail à régler : actuellement, au-delà des 12 milles, toutes les taxes reviennent à l’Etat. Pour Pahun, ce n’est plus possible.

La carte au trésor. Organisées par la Commission nationale du débat public (CNDP), ces discussions doivent notamment aider le gouvernement dans sa future cartographie de l’éolien en mer. Dans deux mois, le 26 juin, des conclusions et des propositions seront remises à l’exécutif qui devra y répondre. L’objectif de la stratégie énergétique est d’avoir 18 gigawatts installés pour 2035. L’Etat a poussé ses propres cartes, pour lancer le débat, au début du mois de mars.

Tension. “L’opportunité de l’éolien en mer fait débat, ça c’est sûr”, relève le vice-président de la CNDP, Florent Augagneur, à la barre côté CNDP. Il relève “une tension” dans la famille écolo entre ceux qui veulent préserver la biodiversité et ceux qui souhaitent installer des éoliennes pour préserver le climat. “C’est une tension qui est politique, pas scientifique. Le plus important impact sur la biodiversité, c’est le climat”, souligne-t-il.

NÉGOCIATIONS CLIMATIQUES

LA COP AU QUAI. Lorsque votre infolettre vous a détaillé la feuille de route du ministre de la Transition écologique, les yeux avisés auront remarqué que le suivi des négociations climatiques n’y figurait pas. Et pour une bonne raison : c’est le Quai d’Orsay qui a récupéré cette attribution. 

L’explication est double. D’une part, “pousser nos objectifs climatiques lors des échanges diplomatiques bilatéraux”, expliquait une conseillère du Quai d’Orsay récemment. Et d’autre part, “les enjeux diplomatiques particuliers” liés à l’atmosphère empoisonnée entre la France et l’Azerbaïdjan, où se tiendra la prochaine COP, à l’automne prochain, ajoute le cabinet de Christophe Béchu.

Béchu à Ottawa. Au moment du remaniement, le cabinet de Christophe Béchu avait indiqué ici ou qu’il récupérait les négociations climatiques (sans y parvenir, donc). Il pourra se réconforter avec d’autres missions d’envergure internationale. Sa feuille de route lui enjoint de porter une haute ambition lors du prochain round de négociation sur la pollution plastique, en avril à Ottawa, mais aussi du One Water Summit de septembre ou du Pacte vert européen.

ÉLECTRONS LIBRES

 — 600 étudiants, alumni et personnels de Polytechnique demandent à l’école de placer le changement climatique au cœur de ses enseignements dans une une missive que Libération a pu consulter.

— En première ligne du dérèglement climatique, la ville de Nice tente de s’adapter. La Tribune Dimanche vous en dit plus

— L’agrivoltaïsme peut-il résoudre les problèmes de rémunération des agriculteurs ? Pas vraiment, car les revenus qu’ils peuvent en tirer sont limités, explique L’Express.

Un grand merci à notre éditeur Alexandre Léchenet.

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